Sortir du nucléaire, oui, mais sans référendum !

Par Stéphane Lhomme, le 10 avril 2012 –

Il n’y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire, il n’en est pas besoin pour condamner l’amiante, alors pourquoi un référendum sur le nucléaire ? Et puis… comment consulter les générations futures ?

Catastrophe de Fukushima oblige, la question du nucléaire est enfin évoquée lors de la campagne présidentielle. La droite et le PS restent pronucléaires, Europe écologie et le NPA sont contre. Quand au Front de Gauche, il se prononce… pour l’organisation d’un référendum, de même d’ailleurs que certains écologistes. C’est à mon avis une très mauvaise idée, et ce pour plusieurs raisons.

 

D’abord, il n’y a pas eu de référendum pour imposer le nucléaire, pourquoi en faudrait-il un pour rectifier un des plus grand déni de démocratie de notre époque ?

D’autre part, personne ne demande un référendum pour savoir s’il faut condamner l’utilisation de l’amiante ou s’il faut lutter contre le changement climatique. Alors pourquoi en faire un sur le nucléaire ? Une calamité sanitaire et environnementale doit être combattue, point barre. Faire une exception concernant le nucléaire reviendrait de facto à mettre en doute le caractère injustifiable de cette technologie.

Qui plus est, un référendum sur le nucléaire serait totalement antidémocratique du seul fait qu’il est impossible de consulter les générations futures. Or, c’est bien à ces générations que sont légués les déchets radioactifs et les centrales à démanteler.

La seule chose à faire est de présenter les plus plates excuses de notre génération à celles qui suivent… et d’arrêter au plus vite d’augmenter la quantité des horreurs radioactives que nous leur laissons.

Arrêtons nous maintenant un instant sur le cas du Front de Gauche, composé de plusieurs organisations qui ont des positions différentes sur le nucléaire. Plusieurs composantes, dont le Parti de gauche, sont contre. Le PCF reste à ce jour immuablement favorable à l’atome (*).

Le plus grave est sûrement que, en s’arc-boutant sur la défense du nucléaire, les dirigeants du PCF réduisent considérablement les chances de création d’un grand Front de la gauche et de l’écologie, qui serait à même de proposer enfin une véritable alternative à la droite, à la place de la simple alternance proposée par le PS.

Le combat pour la justice sociale et celui pour la protection de l’environnement se sont rejoints et sont désormais indissociables. Les principaux pollueurs, les multinationales en tête, sont aussi ceux qui exploitent, licencient, délocalisent. Et les gens plus modestes sont les premières victimes des désastres environnementaux.

C’est en particulier le cas lors des accidents nucléaires, comme actuellement autour de Fukushima : ceux qui en ont les moyens sont partis s’installer ailleurs, mais beaucoup de personnes âgées et de familles pauvres restent dans les zones contaminées, avec de graves conséquences à court ou moyen terme, en particulier sur la santé des enfants.

Nous renvoyons pour finir au document joint, « Le nucléaire est incompatible avec les valeurs de gauche ». Pour ceux qui se revendiquent de ces valeurs, ce n’est donc pas un référendum qu’il faut revendiquer, mais directement la sortie du nucléaire.

Stéphane Lhomme

 

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Lire aussi « Pour un grand Front de la Gauche et de l’écologie »

et « Le nucléaire est incompatible avec les valeurs de gauche«