Témoignage d’un sous traitant du nucléaire

Aujourd’hui, je suis allé à la pêche. en sortant du parcours, j’ai rencontré un ancien salarié sous-traitant du nucléaire edf. nous avons discuté de chose et d’autres. notamment de jardin car il vient d’acquérir un jardin ouvrier sur une des berges de la Valmont, rivière sur laquelle je m’évertue à faire nager mes mouches. nous avons parlé de travail car nous avons travaillé dans la même centrale pendant des années, Paluel. il m’a aussi expliqué qu’il a subit deux cancers graves qui ont failli l’emporter. un cancer de la vessie qui s’est ensuite installé sur la prostate et autres organes situés sur cette région du corps. il n’a pas fait de démarche de maladie professionnelle. il m’a dit ne pas l’avoir fait car il était et est encore fatigué de sa maladie mais surtout il lui a été dit que cela ne pouvait pas venir de ses expositions aux rayonnements ionisants, ni même de ses contaminations internes par rayonnements ionisants (poussières). on lui a dit que cela pouvait venir de l’amiante. devant ça, il a compris qu’il lui serait difficile de gagner une maladie professionnelle. il a abandonné car il s’est retrouvé seul face à la maladie et face aux médecins qui ne l’ont pas aidés mais plutôt dissuadés. cela, c’était en 2008. je lui ai proposé mon aide et il m’a semblé fuyard mais son épouse plus à l’écoute. je leur ai proposé de réfléchir et que désormais nous nous verrions souvent. elle et lui dans leur jardin et moi sur les berges. ils m’ont semblé content de ma proposition d’aide et  je leur ai dit que ce serait eux qui feront la démarche vers moi pour être aidé. nous avons parlé des conditions de travail et il m’a rappelé que nous avions travaillé ensemble à l’époque où la dose annuelle admissible (quelle honte : admissible!!!) était de 50 millisieverts à l’année et qu’il a ramassé grave car il était jumper dans les générateurs de vapeur. il m’a rappelé qu’il a assisté à des choses inhumaines. des salariés sous contrats précaires posaient ces fameuses tapes en laissant les appareils de mesure à l’extérieur des générateurs de vapeur.

voilà une fois de plus, je rencontre un « ancien sous-traitant du nucléaire » et il est malade. rien que sur Fécamp, c’est le troisième que je rencontre qui a le cancer. il y en a un qui monte son dossier de maladie professionnelle et nous sommes tombés sur un cancérologue à l’hôpital de Rouen qui nous aide à monter son dossier. les deux autres, fatigués, pour l’instant ne veulent pas.
cette industrie, ce lobby du nucléaire a vraiment pris de l’avance sur les salariés et quand je vous dis que la sous-traitance est l’effacement des traces, c’est pas que des conneries et quand nous demandons un recensement des salariés passés dans le nucléaire pour  connaitre leur état de santé, soigner, aider et obtenir réparation, c’est bien parce que ce nucléaire fait beaucoup de victimes qui se retrouvent seules avec la maladie à combattre et parfois les institutions.
combien de malades y a t’il exactement du au nucléaire et allons-nous les laisser seuls ?
voilà bien une priorité quand on parle du nucléaire. quand nous disons que cette industrie nous fait vivre journellement, à nous salariés de la sous-traitance, l’accident nucléaire, il est temps que tout le monde s’en aperçoive et réagisse.
je compte sur vous pour nous aider.
N’avons-nous que seul droit : la souffrance ?

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