Depuis le 6 mai, emmenés par Eugène Riguidel, des bateaux arborant un pavillon avec une main verte sur trèfle radioactif et le slogan « Stop nucléaire / Trawalc’h » sillonnent le golfe du Morbihan. Il ne s’agit pas tant pour eux d’afficher leurs convictions que d’alerter les marins sur le fait que la mer ne doit pas être une poubelle nucléaire !
Jeudi 9 mai à partir de 18h, ils seront à Vannes à proximité de la capitainerie pour diffuser un tract et répondre aux questions du public et des journalistes.
La mer n’est pas une poubelle nucléaire !
Véritable poumons de la terre, fournissant la plupart de l’oxygène que nous respirons, les océans sont également un élément essentiel de la biosphère et une importante source de nourriture.
Durant près d’un demi-siècle, entre 1946 et 1982, des dizaines de milliers de fûts de matières radioactives ont été immergés au large de nos côtes. Aux Nord de l’Ile d’Aurigny, dans la fosse de Hurd Deep, ce sont 28 500 fûts, représentants quelques 17 224 tonnes de déchets radioactifs contenant 58 trillions de Becquerels, qui se dégradent et libèrent leur radioactivité.
Mais ces fûts ne sont rien comparés aux rejets autorisés à La Hague : avec 19 quadrillions de Becquerels de rejets radioactifs « autorisés » par an, l’usine de retraitement peut ainsi se permettre de déverser 330 fois chaque années les 28 500 fûts radioactifs immergés en plus de 10 années par les anglais ! D’une manière générale et d’après l’ACRO, « il y a plus de tritium dans les eaux de la Manche que dans les eaux du Pacifique à proximité de la centrale de Fukushima ».
La France n’a d’ailleurs pas l’apanage des rejets en mer. Les Anglais font de même avec leur usine de retraitement de Sellafield, comme l’a montré le 23 avril l’excellente émission d’Arte « Océans poubelles », où des mesures ont montré la très inquiétante présence de plutonium en quantité notable rejeté sur les plages près de Sellafield.
Sur les océans de la planète, plus de 245 réacteurs nucléaires servent à propulser sous-marins, porte-avions, croiseurs et autres brise-glace. La France détient 4 sous-marins lanceurs d’engins (SNLE), 6 sous-marins d’attaque (SNA) et un porte-avion. Ces réacteurs nucléaires font courir un risque inconsidéré à la planète : risque d’accident comme l’abordage de deux sous-marins dans le golfe de Gascogne en 2009, ou entre un croiseur et un SNA américain en octobre 2012, 19 navires chargés de déchets radioactifs, 14 réacteurs, des milliers de caissons métalliques et, surtout, 3 sous-marins nucléaires… reposent au fond de l’océan Arctique.
Le 5 mai 2013, la France a procédé à un nouveau tir d’essai de missile M51, non armé, à partir d’un sous-marin nucléaire au large de Penmarc’h. Ce missile s’est autodétruit peu après son décollage et on peut s’interroger sur l’impact qu’il aurait pu avoir sur les langoustiniers dont c’est lieu de pêche, ou, pire, si l’explosion s’était produite sur le sous-marin nucléaire.
Alors que la Corée du Nord continue d’exercer un chantage à l’arme nucléaire et de procéder à des essais de missiles, la France continue de développer le missile nucléaire M51 en violation caractérisée du TNP (Traité de Non Prolifération). Sous couvert d’une prétendue « modernisation » de l’arsenal existant, c’est à une véritable relance de l’armement nucléaire à laquelle on assiste. Le missile M51 est en effet constitutif d’un changement radical de doctrine : il s’agit d’une arme conçue pour être utilisée sur le champ de bataille.
Avec le missile M51, plus précis et donc permettant l’utilisation de bombes nucléaires de puissance réduite, le gouvernement français poursuit un objectif de banalisation des armes nucléaires et radioactives, et de leur usage. Toute arme nucléaire ou radioactive est dévastatrice, et entraîne de graves conséquences sanitaires à moyen et long terme. Le coût de la dissuasion, dont les armes sont concentrées à 90% à Brest, dépasse 4 milliards d’euros par an. Ces fonds pourraient être utilisés à développer un corps de garde-côtes, les énergies marines, des installations de déconstruction de navires,… créatrices d’emplois !
La Fédération anti-nucléaire Bretagne appelle tous les Français à exiger du Président Hollande et du gouvernement qu’il respecte enfin le Traité de Non-prolifération, en engageant la France dans la voie du désarmement nucléaire. Elle demande d’urgence le désarmement de tous les sous-marins nucléaires français et le démantèlement de leurs réacteurs nucléaires avant la catastrophe ! Elle demande l’arrêt immédiat du retraitement des déchets nucléaires à La Hague et à Sellafield.
Avant la catastrophe, une seule solution : arrêter immédiatement le nucléaire civil et militaire.