Ce livre est décevant, avec des contradictions. Par ex il consacre 23 pages sur 54 pour nous expliquer que l’accident nucléaire est la première cause d’opposition à cette catastrophe (42 % du bouquin) et il conclut par « quant au nucléaire, il pourra sortir de la scène en laissant les réacteurs s’éteindre d’ici à 2045, sous une surveillance exigeante de leur sureté » (p.53). Il explique que c’est dangereux mais il accepte une “sortie” en 23 ans ! De plus il nous démontre que le nucléaire n’est pas contrôlable, qu’un accident peut arriver n’importe quand mais il évoque une « surveillance exigeante de leur sureté » ! Comme si la sureté du nucléaire n’était pas une question liée intrinsèquement au nucléaire mais à un système. Autrement dit l’accident de Chernobyl était dû au système soviétique et l’accident de Three Mile Island au système capitaliste, quant à l’accident de Fukushima sans doute lié à la culture japonaise !
L’opuscule est transpercé par une ode au renouvelable, autrement dit on va être sauvé des dégâts de la technique grâce à une énième innovation technique : techno-centriste, il oublie (on peut trouver au détour d’une phrase le mot “sobre” une seule fois en page 54) les solutions culturelles et politiques (décroissance, démocratie la plus directe possible…). Jamais il ne se demande « mais pourquoi devrait-on produire de l’électricité ? »
Sur les éoliennes voir :
https://www.facebook.com/BelleileTVOfficiel/videos/636861267916073
Quant au climat, il n’en parle pas beaucoup, seul argument (valable) la vitesse de déploiement d’une pseudo solution électronucléaire. Mais il ne replace pas le nucléaire dans l’énergie, l’électro fossile c’est 20 % de la conso finale d’énergie, cad 20 % du problème et on comprend car il ne s’en prend pas à une culture productiviste (cause du dérèglement climatique), mais aux « méchants riches », alors qu’il faudrait s’en prendre à la richesse, à sa définition dans notre culture.
J’encourage néanmoins la lecture de cet ouvrage car il met bien en avant l’accident nucléaire et il contient malgré tout d’excellents arguments que tout antinucléaire doit avoir en tête.
Bon Kempf reste cependant un grand journaliste d’investigation (et ils sont rares parait-il), et son site « Reporterre » est excellent.
Jean-Luc Pasquinet