Observatoire du nucléaire – Communiqué du mardi 4 décembre 2012
Réacteur nucléaire EPR : la bombe à
retardement dont personne ne parle…– Le chargement en combustible nucléaire doit avoir lieu avant le 11 avril 2017
– EDF est engagé dans une course poursuite pouvant mener à la catastrophe
Le décret de création du réacteur EPR de Flamanville, signé le 10 avril 2007 par le premier ministre Dominique de Villepin, et publié le lendemain au Journal officiel de la République, contient une véritable bombe à retardement dont les conséquences sont potentiellement catastrophiques pour les finances d’EDF… voire pour la santé de la population européenne.
En effet, ce décret précise (article 3 alinéa 2) que « Le délai pour réaliser le premier chargement en combustible nucléaire du réacteur est fixé à dix ans à compter de la publication du présent décret au Journal officiel de la République française« , c’est-à-dire avant le 11 avril 2017.
Au moment de la publication de ce décret, alors que EDF prétendait construire et mettre en service l’EPR en cinq ans, un délai de dix ans relevait assurément d’une prudence extrême, voire excessive. Il en est tout autrement aujourd’hui.
En effet, ayant accumulé les retards, contretemps, et autres malfaçons, EDF se retrouve désormais avec une véritable épée de Damoclès au dessus de la tête. La mise en service de l’EPR est officiellement prévue pour 2016… si tout se passe bien. Or, depuis le début de ce chantier catastrophe, tout se passe mal.
Si de nouveaux contretemps compromettaient le chargement de l’EPR avant la date fatidique du 11 avril 2017, les conséquences seraient incommensurables pour EDF : le décret de création de l’EPR ne serait plus valable, il faudrait refaire toute la procédure administrative, y compris un nouveau Débat public officiel puis une enquête publique, ce qui prendrait à coup sûr plusieurs années.
Le réacteur EPR, qui aurait probablement (?) été achevé entre temps, resterait donc à l’arrêt, achevant de ruiner les finances et ce qu’il reste de crédibilité à EDF. Il est évident que les autorités françaises veulent à tout prix éviter ce scénario catastrophe, ce qui pose d’ores et déjà des questions cruciales.
En effet, maintenant que EDF a gaspillé tous ses « jokers », le risque est que les prochaines malfaçons soient cachées afin de ne pas dépasser la date du 11 avril 2017. EDF va exercer – ou exerce déjà – en sous-main une pression morale sur les dirigeants politiques et sur ceux de l’Autorité de sûreté nucléaire, dont la supposée « indépendance » a été prise en défaut lorsque l’enjeu politique était crucial. (cf http://observ.nucleaire.free.fr/deconstruire-mythe-lacoste.htm )
Il est donc clair que ce ne sont pas seulement les finances d’EDF, déjà exsangues, qui sont menacées par cette épée de Damoclès : c’est bien la santé de la population européenne qui est en jeu. Certes, même sans malfaçons, l’EPR est comme tout réacteur nucléaire susceptible de causer une catastrophe.
Mais l’EPR, mal conçu et mal construit, est probablement un des plus dangereux réacteurs nucléaires au monde. Et si, de plus, il est mis en service avec des malfaçons cachées, la possible catastrophe nucléaire sera alors tout à fait probable.
Le mieux serait assurément de suivre les exemples de réacteurs nucléaires entièrement construits mais jamais mis en service, comme à Lemoniz (Espagne), Zwentendorf (Autriche) ou Kalkar (Allemagne).