Pourquoi il ne faut pas mettre le réacteur EPR en service…
– Un réacteur qui n’a jamais fonctionné est bien plus facile à démanteler
– Il existe plusieurs cas de réacteurs achevés mais jamais mis en service
Selon EDF, le chantier du réacteur EPR de Flamanville (Manche), qui compte déjà cinq ans de retard et qui a vu son coût multiplié par trois, serait néanmoins avancé à 93% pour le génie civil et 36% concernant les montages électromécaniques.
Les promoteurs de l’atome sont pris en flagrant délit d’incompétence et d’irresponsabilité, et cela ne concerne pas seulement l’EPR : n’oublions pas que la catastrophe de Fukushima est en cours et ne fait que s’aggraver.
Pourtant, ils ne se démontent pas et sortent leur argument massue : « On ne vas pas arrêter l’EPR maintenant alors qu’il a déjà coûté tant de milliards ! » Raisonnement « lumineux » selon lequel une option catastrophique doit nécessairement être menée à son terme. L’industrie nucléaire et ses soutiens politiques se comportent donc comme un joueur qui vient de perdre beaucoup (sauf que là c’est avec notre argent !) et qui veut tenter encore sa chance.
La ministre Delphine Batho assure que l’EPR sera mis en service en 2016, mais la vérité est qu’elle n’en sait strictement rien et se contente de répéter ce que lui dit EDF. Or une donnée cruciale est pour le moment passée inaperçue : le décret de création de l’EPR donne dix ans à EDF pour que ce réacteur soit chargé en combustible nucléaire. La date fatidique est fixée au 11 avril 2017.
A force de prendre du retard, EDF a « grillé » tous ses jokers et le délais de dix ans, qui semblait extraordinairement généreux, va en réalité se révéler insuffisant si le chantier EPR rencontre de nouveaux problèmes. Il faudrait alors refaire toute la procédure administrative, ce qui prendrait plusieurs années.
Cette véritable épée de Damoclès va pousser EDF à finir quoi qu’il arrive son chantier avant la date fatidique, quitte à masquer de nouvelles malfaçons dont les conséquences pourraient être désastreuses une fois le réacteur mis en service. Toute installation nucléaire est susceptible de causer une catastrophe, mais l’EPR représente de toute évidence le risque maximal !
A ce propos, il faut absolument comprendre qu’un réacteur qui n’a jamais fonctionné est immensément moins problématique que s’il a été mis en service : en effet, la réaction nucléaire contamine gravement d’innombrables pièces dont les éléments géants que sont la cuve et les générateurs de vapeur, qui rejoignent alors les déchets radioactifs dont on ne sait que faire.
Aussi, bien que des milliards aient déjà été gaspillés pour construire l’EPR, ou plutôt parce que ces milliards ont été gaspillés, il faut cesser immédiatement ce chantier et suivre les différents exemples de réacteurs achevés mais jamais mis en service, comme à Lemoniz (Espagne), Zwentendorf (Autriche) ou Kalkar (Allemagne). Ce dernier réacteur a d’ailleurs été reconverti en parc d’attraction, prouvant que l’atome ne génère pas toujours déficits, contaminations et tristesse. A condition justement de stopper le nucléaire.